Connaissez-vous le triangle de Karpmann ? « Il faudrait interdire l’accès des hôpitaux aux non vaccinés. Ils engorgent les lits des services de réanimation. Qu’ils signent une décharge pour refuser les soins !»
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Connaissez-vous le triangle de Karpmann ? « Il faudrait interdire l’accès des hôpitaux aux non vaccinés. Ils engorgent les lits des services de réanimation. Qu’ils signent une décharge pour refuser les soins !»
« Il faudrait interdire l’accès des hôpitaux aux non vaccinés. Ils engorgent les lits des services de réanimation. Qu’ils signent une décharge pour refuser les soins !»
Cette phrase je l’ai entendu, la première fois, il y a quelques mois dans la bouche d’un médecin invité sur un plateau de télévision. Je l’ai entendu ensuite dans celle d’un ministre. Puis, il y a quelques jours venant d’une femme d’une soixantaine d’années faisant son marché. Une phrase dite machinalement, sans toujours réaliser la violence cachée derrière cette hypothétique solution qui apparaît déjà, aux yeux de certains, comme un sésame pour en finir avec cette crise et retrouver sa vie d’avant.
J’ai entendu aussi le désespoir d’un enfant témoignant qu’il avait été harcelé par d’autres dans la cour de récréation parce que le masque qu’il portait ne couvrait pas totalement son nez.
A cette pandémie dont tout le monde veut sortir, il est tentant de désigner un coupable. Quelqu’un que l’on puisse clouer au pilori, couvrir de goudron et de plumes. « Emmerder » jusqu’au bout puisque telle semble l’intention.
Les psychologues connaissent bien un processus qui touche les situations de souffrance morale et de harcèlement psychologique. Il est connu sous le nom de triangle de Karpmann. Un triangle qui doit son nom au médecin psychiatre Stephen Karpman, grande figure de l’Analyse Transactionnelle.
Ce triangle met en scène trois protagonistes : une victime, un bourreau et un sauveur. Ceux-ci alternent les fonctions toxiques à tour de rôle.
Dans notre situation sanitaire, nous tous, citoyens, avons été considérés comme les victimes d’un virus responsable de tous nos maux. Il nous fallait rentrer en guerre contre lui. Le gouvernement providence est devenu sauveur et il lui a été presque tout pardonné compte-tenu de son rôle. C’est lui qui sait, qui analyse, qui comprend et qui décrète. Même si ce gouvernement est remplacé depuis un an par un tout petit comité confidentiel.
Pendant dix-huit mois, il nous fallait rester dans l’unité pour vaincre notre bourreau. Mais malgré tous nos efforts, l’épidémie est toujours là. Elle s’allège, s’intensifie, se cache et réapparaît sous d’autres formes, comme un torrent qui rejoint la mer et se moque des barrages que voudraient lui imposer les hommes. Elle se joue de nos prédictions, contredit nos protocoles.
Hier, le responsable était le virus, aujourd’hui, on attribue la responsabilité de cette crise aux non vaccinés. Il faut toujours un coupable à la victime, bien que l’épidémie revienne, dans des pays, comme Israël des plus vaccinés, bien que tant d'états s'interrogent sur la pertinence de cette gestion par le pass.
On pourrait en prolongeant le raisonnement, refuser l’accès aux hôpitaux aux malades du sida qui ne se sont pas protégés, aux cancéreux qui n’ont pas arrêté de fumer, ou aux personnes atteintes de maladies cardiovasculaires qui n’ont pas soigné leur alimentation.
Ce ne sont pas les non vaccinés qui retardent les opérations. Notre système de santé est en surchauffe. Il l’est depuis longtemps et il est urgent que l’on prenne soin de lui, en revalorisant les soignants, en rajoutant des lits, en investissant des budgets.
Il y a dans le cœur de chacun une part de bon sens. Lorsqu’un traitement est bon, nous le reconnaissons dans notre corps et en interrogeant notre environnement direct. Il n’y a aucune raison de refuser un vaccin, dès lors qu’il protège, a fait ses preuves et est positif dans la balance bénéfice risque. Un traitement imposé à coup de récompenses, de peurs, de chantage et de conflits d’intérêts est à questionner. Il est sain de s’interroger, d’étudier, de se renseigner. Il est sain de prendre conscience de toutes ces injonctions paradoxales, ces promesses non tenues sans être traité de complotiste. Il est sain de questionner sur les traitements qui existent, sur la prévention existante.
Quelle arrogance de croire qu’une épidémie peut disparaître en tapant sur la table. Quelle arrogance de croire qu’une personne qui refuse ce vaccin le fait obligatoirement par ignorance ou par égoïsme. Il faut parfois prendre le temps d’écouter ses arguments, de parler, de sortir d’une pensée duelle et manichéenne.
L’équilibre bénéfice risque ne se mesure pas que sur des tableaux excell au nombre de cas. Elle se mesure aussi au moral d’une société qui perd confiance, aux suicides d’adolescents, aux maladies émergentes, à la perte de confiance et de repères et à tous les conflits familiaux, sociaux qui ont émergé depuis deux ans.
Dans le triangle de Karpmann, la victime perd sa souveraineté lorsqu’elle considère qu’un autre sait mieux qu’elle ce qui est bon pour elle. Cet autre fut-il médecin, expert, ou Roi. La victime remet son pouvoir de discernement à son sauveur qui devient progressivement son bourreau. Ce triangle se met en place aussi bien dans les familles dysfonctionnelles que dans les états totalitaires. Un état totalitaire n’est pas une dictature. Il faut un dictateur pour imposer une dictature, il n’est pas nécessaire pour imposer un état totalitaire. Il suffit de jouer sur les émotions de chacun, sur la peur, sur l’invitation à se dénoncer, à s’auto censurer. Le crédit social ne s’est pas tant imposé en Chine, par la force, mais par la peur, la culpabilisation et la valorisation des bons citoyens et des parias.
Plus la victime perd sa souveraineté, plus le sauveur devient envahissant et plus il faut un responsable. Le sauveur, lui, décide, gère, autorise.
Le triangle de Karpman s’appuie sur quatre mythes relationnels :
Premier mythe : Le sauveur se persuade qu’il a le pouvoir de rendre les autres heureux. Il cherche des victimes à sauver et désigne les responsables qui deviennent les bourreaux.
Second mythe : La victime se persuade que les autres ont le pouvoir de la rendre heureuse. Elle cherche son sauveur
Troisième mythe : Le bourreau se persuade qu’il a le pouvoir de rendre les autres malheureux. Il cherche une victime pour renforcer son sentiment intérieur de puissance
Quatrième mythe : La victime se persuade que les autres peuvent la rendre malheureuse. C’est à partir de cette posture qu’elle attire inconsciemment un bourreau.
Il n’existe qu’une façon de sortir de ce triangle infernal, elle consiste à retrouver notre souveraineté intérieure et la paix en nous ; même et surtout au milieu du chaos.
Quelles que soient les circonstances, nous avons toujours la possibilité de cesser de nous considérer comme victime et de chercher un coupable. Nous avons toujours le choix de maintenir une posture non duelle, ouverte et aimante. Cette souveraineté est notre force d’amour.
Tant que nous sommes en guerre, intérieurement, nous continuons à entretenir ce jeu toxique. Ce n’est qu’en réalisant la force de l’amour que nous pouvons reprendre notre pouvoir. Non pas un amour niais ou guimauve, mais une posture qui s’appuie sur nos fondements de liberté, de solidarité, d’égalité et de fraternité.
Alors que j’accompagnais le mois dernier des leaders d’Amazonie dont la vie est menacée par les déforestations illégales, les orpailleurs et les milices corrompues du gouvernement, nous devisions avec eux sur l’attitude juste à adopter. Alors que tant ont été assassinés, alors que tant de manifestations ont été matées dans le sang et la violence, il est apparu que seul l’amour et la paix intérieure leur donnait la force. La force de s’opposer lorsque c’est nécessaire, la force de communiquer le plus souvent possible à partir de son cœur et surtout la force d’y croire.
Notre pensée est créatrice. Plus polluante que les produits chimiques sur notre planète, les pensées de haine, de division, d’agressivité, de jugement blesse notre humanité tout entière.
Puisse cette force d’amour, d’échange et de discernement nous accompagner chacun dans cette période chaotique.
:camera_with_flash: : David Ambarzumjan
:writing_hand_tone2: : Arnaud Riou
Magnifique texte, réaliste, qui sort du bon sens, expliquer avec simplicité et Ô combien précieux.
Un grand MERCI
Souffle de Vie
Cette phrase je l’ai entendu, la première fois, il y a quelques mois dans la bouche d’un médecin invité sur un plateau de télévision. Je l’ai entendu ensuite dans celle d’un ministre. Puis, il y a quelques jours venant d’une femme d’une soixantaine d’années faisant son marché. Une phrase dite machinalement, sans toujours réaliser la violence cachée derrière cette hypothétique solution qui apparaît déjà, aux yeux de certains, comme un sésame pour en finir avec cette crise et retrouver sa vie d’avant.
J’ai entendu aussi le désespoir d’un enfant témoignant qu’il avait été harcelé par d’autres dans la cour de récréation parce que le masque qu’il portait ne couvrait pas totalement son nez.
A cette pandémie dont tout le monde veut sortir, il est tentant de désigner un coupable. Quelqu’un que l’on puisse clouer au pilori, couvrir de goudron et de plumes. « Emmerder » jusqu’au bout puisque telle semble l’intention.
Les psychologues connaissent bien un processus qui touche les situations de souffrance morale et de harcèlement psychologique. Il est connu sous le nom de triangle de Karpmann. Un triangle qui doit son nom au médecin psychiatre Stephen Karpman, grande figure de l’Analyse Transactionnelle.
Ce triangle met en scène trois protagonistes : une victime, un bourreau et un sauveur. Ceux-ci alternent les fonctions toxiques à tour de rôle.
Dans notre situation sanitaire, nous tous, citoyens, avons été considérés comme les victimes d’un virus responsable de tous nos maux. Il nous fallait rentrer en guerre contre lui. Le gouvernement providence est devenu sauveur et il lui a été presque tout pardonné compte-tenu de son rôle. C’est lui qui sait, qui analyse, qui comprend et qui décrète. Même si ce gouvernement est remplacé depuis un an par un tout petit comité confidentiel.
Pendant dix-huit mois, il nous fallait rester dans l’unité pour vaincre notre bourreau. Mais malgré tous nos efforts, l’épidémie est toujours là. Elle s’allège, s’intensifie, se cache et réapparaît sous d’autres formes, comme un torrent qui rejoint la mer et se moque des barrages que voudraient lui imposer les hommes. Elle se joue de nos prédictions, contredit nos protocoles.
Hier, le responsable était le virus, aujourd’hui, on attribue la responsabilité de cette crise aux non vaccinés. Il faut toujours un coupable à la victime, bien que l’épidémie revienne, dans des pays, comme Israël des plus vaccinés, bien que tant d'états s'interrogent sur la pertinence de cette gestion par le pass.
On pourrait en prolongeant le raisonnement, refuser l’accès aux hôpitaux aux malades du sida qui ne se sont pas protégés, aux cancéreux qui n’ont pas arrêté de fumer, ou aux personnes atteintes de maladies cardiovasculaires qui n’ont pas soigné leur alimentation.
Ce ne sont pas les non vaccinés qui retardent les opérations. Notre système de santé est en surchauffe. Il l’est depuis longtemps et il est urgent que l’on prenne soin de lui, en revalorisant les soignants, en rajoutant des lits, en investissant des budgets.
Il y a dans le cœur de chacun une part de bon sens. Lorsqu’un traitement est bon, nous le reconnaissons dans notre corps et en interrogeant notre environnement direct. Il n’y a aucune raison de refuser un vaccin, dès lors qu’il protège, a fait ses preuves et est positif dans la balance bénéfice risque. Un traitement imposé à coup de récompenses, de peurs, de chantage et de conflits d’intérêts est à questionner. Il est sain de s’interroger, d’étudier, de se renseigner. Il est sain de prendre conscience de toutes ces injonctions paradoxales, ces promesses non tenues sans être traité de complotiste. Il est sain de questionner sur les traitements qui existent, sur la prévention existante.
Quelle arrogance de croire qu’une épidémie peut disparaître en tapant sur la table. Quelle arrogance de croire qu’une personne qui refuse ce vaccin le fait obligatoirement par ignorance ou par égoïsme. Il faut parfois prendre le temps d’écouter ses arguments, de parler, de sortir d’une pensée duelle et manichéenne.
L’équilibre bénéfice risque ne se mesure pas que sur des tableaux excell au nombre de cas. Elle se mesure aussi au moral d’une société qui perd confiance, aux suicides d’adolescents, aux maladies émergentes, à la perte de confiance et de repères et à tous les conflits familiaux, sociaux qui ont émergé depuis deux ans.
Dans le triangle de Karpmann, la victime perd sa souveraineté lorsqu’elle considère qu’un autre sait mieux qu’elle ce qui est bon pour elle. Cet autre fut-il médecin, expert, ou Roi. La victime remet son pouvoir de discernement à son sauveur qui devient progressivement son bourreau. Ce triangle se met en place aussi bien dans les familles dysfonctionnelles que dans les états totalitaires. Un état totalitaire n’est pas une dictature. Il faut un dictateur pour imposer une dictature, il n’est pas nécessaire pour imposer un état totalitaire. Il suffit de jouer sur les émotions de chacun, sur la peur, sur l’invitation à se dénoncer, à s’auto censurer. Le crédit social ne s’est pas tant imposé en Chine, par la force, mais par la peur, la culpabilisation et la valorisation des bons citoyens et des parias.
Plus la victime perd sa souveraineté, plus le sauveur devient envahissant et plus il faut un responsable. Le sauveur, lui, décide, gère, autorise.
Le triangle de Karpman s’appuie sur quatre mythes relationnels :
Premier mythe : Le sauveur se persuade qu’il a le pouvoir de rendre les autres heureux. Il cherche des victimes à sauver et désigne les responsables qui deviennent les bourreaux.
Second mythe : La victime se persuade que les autres ont le pouvoir de la rendre heureuse. Elle cherche son sauveur
Troisième mythe : Le bourreau se persuade qu’il a le pouvoir de rendre les autres malheureux. Il cherche une victime pour renforcer son sentiment intérieur de puissance
Quatrième mythe : La victime se persuade que les autres peuvent la rendre malheureuse. C’est à partir de cette posture qu’elle attire inconsciemment un bourreau.
Il n’existe qu’une façon de sortir de ce triangle infernal, elle consiste à retrouver notre souveraineté intérieure et la paix en nous ; même et surtout au milieu du chaos.
Quelles que soient les circonstances, nous avons toujours la possibilité de cesser de nous considérer comme victime et de chercher un coupable. Nous avons toujours le choix de maintenir une posture non duelle, ouverte et aimante. Cette souveraineté est notre force d’amour.
Tant que nous sommes en guerre, intérieurement, nous continuons à entretenir ce jeu toxique. Ce n’est qu’en réalisant la force de l’amour que nous pouvons reprendre notre pouvoir. Non pas un amour niais ou guimauve, mais une posture qui s’appuie sur nos fondements de liberté, de solidarité, d’égalité et de fraternité.
Alors que j’accompagnais le mois dernier des leaders d’Amazonie dont la vie est menacée par les déforestations illégales, les orpailleurs et les milices corrompues du gouvernement, nous devisions avec eux sur l’attitude juste à adopter. Alors que tant ont été assassinés, alors que tant de manifestations ont été matées dans le sang et la violence, il est apparu que seul l’amour et la paix intérieure leur donnait la force. La force de s’opposer lorsque c’est nécessaire, la force de communiquer le plus souvent possible à partir de son cœur et surtout la force d’y croire.
Notre pensée est créatrice. Plus polluante que les produits chimiques sur notre planète, les pensées de haine, de division, d’agressivité, de jugement blesse notre humanité tout entière.
Puisse cette force d’amour, d’échange et de discernement nous accompagner chacun dans cette période chaotique.
:camera_with_flash: : David Ambarzumjan
:writing_hand_tone2: : Arnaud Riou
Magnifique texte, réaliste, qui sort du bon sens, expliquer avec simplicité et Ô combien précieux.
Un grand MERCI
Souffle de Vie
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